Fiche pratique
La procédure de révision est possible après une décision définitive pénale ou civile. Elle permet de demander un nouvel examen de l'affaire déjà jugée, seulement dans des cas limités. C'est une voie de recours extraordinaire. Nous vous présentons les informations à connaître.
Qu'est-ce que la demande en révision d'une décision pénale ?
La demande de révision d'une décision pénale peut permettre, si les conditions sont réunies, l'annulation de la condamnation. Si c'est le cas, il y a un nouvel examen du dossier pour rejuger l'affaire.
Les cas d'ouverture de cette voie de recours exceptionnelle sont limités et très rares.
Qui peut demander la révision d'une décision pénale ?
La révision peut être demandée par les personnes suivantes :
Personne condamnée ou, en cas d'incapacité, son représentant légal
Époux, concubin, partenaire de Pacs, parents, enfants, petits-enfants, arrière petits-enfants, ou légataires en cas de décès ou d'absence de la personne condamnée
Procureur général près la cour d'appel
Procureur général près la Cour de cassation
Ministre de la justice.
Seule une personne condamnée pour un délit ou un crime peut faire une demande en révision. Cette procédure est impossible pour les contraventions.
Un condamné peut également demander le réexamen d'une décision pénale définitive suite à un arrêt rendu par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH).
Cet arrêt doit établir que la décision a été rendue en violation de la Convention européenne des droits de l'homme.
Cette violation doit avoir de graves conséquences pour le condamné pour justifier une demande de réexamen. Le réexamen doit être demandé dans un délai d'1 an à compter de la décision rendue par la CEDH.
Quelles sont les conditions pour demander la révision d'une décision pénale ?
La révision peut être demandée lorsqu'une personne est condamnée et qu'un fait nouveau apparaît ou qu'un élément inconnu au jour du procès est découvert après la condamnation.
Ces faits ou éléments nouveaux doivent être susceptibles d'établir l'innocence du condamné ou de faire naître un doute sur sa culpabilité.
L'affaire est examinée une nouvelle fois alors que la décision initiale est définitive.
Cette voie de recours est possible contre une décision du tribunal judiciaire, de la cour d'appel, de la cour criminelle ou de la cour d'assises.
Quel est le délai pour demander la révision d'une décision pénale ?
Il n'y a pas de délai pour demander une révision.
Une demande en révision peut être faite, même si la personne condamnée est décédée.
La prescription des faits n'empêche pas de faire une demande de révision.
Comment faire la demande en révision d'une décision pénale ?
La demande doit être envoyée par courrier à la commission d'instruction des demandes en révision et en réexamen.
Cette cour se situe à la Cour de cassation et elle est composée de magistrats de cette Cour.
Quelle est la procédure pour la demande en révision d'une décision pénale ?
La Cour de révision et de réexamen se compose d'une commission d'instruction et d'une formation de jugement.
La commission d'instruction exerce un premier examen qui porte seulement sur la recevabilité de la demande.
Elle peut, après une éventuelle enquête, transmettre l'affaire à la formation de jugement. Dans ce cas, la formation de jugement examine l'affaire. Elle peut juger que la condamnation doit être annulée et l'affaire rejugée.
1ère étape : examen par la commission d'instruction
Le dossier est confié à la commission d'instruction de la Cour de révision et de réexamen. La commission doit examiner la recevabilité de la demande.
Si la demande est de toute évidence irrecevable, elle peut être immédiatement rejetée par la commission dans une ordonnance motivée qui comporte les raisons du rejet. Il n'existe pas de recours contre cette décision.
Avant de rendre sa décision, la commission peut ordonner un supplément d’information pour que des actes d'enquête soient effectués (audition, expertise...). Le demandeur peut réclamer la réalisation d'actes d'enquête. La commission peut rejeter cette demande. Elle doit rendre sa décision sur cette question dans un délai de 3 mois.
Lorsqu'une nouvelle personne paraît être impliquée dans les faits, la commission d'instruction avise le procureur de la République qui doit effectuer une enquête. Si besoin, il peut ouvrir une information judiciaire.
Le condamné ou la commission d'instruction peut demander la suspension de la condamnation, notamment si le condamné est en prison. Cette demande est examinée par la chambre criminelle de la Cour de cassation.
Avant de décider si la demande est recevable, la commission va demander des observations orales ou écrites. Elles sont demandées au demandeur ou à son avocat, au ministère public et à l’éventuelle partie civile ou à son avocat.
Après les débats, la commission rend une décision.
Si la demande est jugée recevable, la formation de jugement est saisie.
Si la demande n'est pas recevable, la procédure prend fin et la décision ne sera pas révisée.
La décision doit être motivée. Il n'existe pas de recours contre cette décision.
Le demandeur et la partie civile peuvent demander une copie du dossier. La délivrance de la copie doit être faite dans le délai d'1 mois à compter de la demande. La 1re copie est gratuite.
2ème étape : examen par la formation de jugement
C'est la formation de jugement qui décide ou non de réviser la condamnation.
Si elle estime que l'affaire n'est pas prête pour être jugée, la formation de jugement peut demander un supplément d'information (audition, expertise...).
Lorsque l'affaire est prête, une audience a lieu. Lors de cette audience, le demandeur ou son avocat, le ministère public, l'éventuelle partie civile ou son avocat sont entendus.
Après l'audience, la formation de jugement rend une décision.
Elle peut rejeter ou accepter la demande de révision.
Si elle refuse, la condamnation initiale est confirmée.
Si elle accepte, la condamnation est annulée.
Toute personne autorisée à faire un recours en révision peut demander de nouveaux actes (audition, expertise...) par requête au procureur de la République. Les actes ont pour objectif de révéler de nouveaux faits ou éléments. En cas de refus, le recours s'exerce auprès du procureur général de la cour d'appel.
La formation de jugement peut demander un nouveau procès devant une autre juridiction identique à celle qui a rendu la décision attaquée. Par exemple, un renvoi devant une autre cour d'appel si la décision attaquée a été rendue par une cour d'appel.
La chambre criminelle de la Cour de cassation peut prononcer la suspension de la peine de prison de la personne concernée. Elle sera libre jusqu'à son nouveau procès. Dans le cas contraire, elle sera libérée à la fin de sa peine initiale.
La formation de jugement peut décider qu'il n'y aura pas de nouveau procès dans l'un des cas suivants :
Le condamné est décédé (son innocence est reconnue)
Il y a prescription. Dans ce cas, la personne est définitivement reconnue innocente. Si elle est toujours emprisonnée, elle est libérée.
Les éléments qui ont motivé la demande en révision innocentent totalement le condamné. Dans ce cas, s'il est emprisonné, il est libéré.
En cas d'amnistie
En cas d'irresponsabilité pénale.
La décision de la formation de jugement ne peut pas faire l'objet d'un recours.
Si le condamné est innocenté, la condamnation est supprimée de son casier judiciaire.
La personne innocentée peut demander à ce que la décision soit publiée dans certains lieux (ville où a été prononcée la décision, la commune du demandeur...). Elle sera aussi publiée au Journal Officiel et dans 5 journaux par la juridiction qui a prononcé la décision.
Un condamné reconnu innocent à la suite d'une révision a le droit de demander réparation de son préjudice matériel et moral que lui a causé la condamnation. Toute personne justifiant d'un préjudice causé par la condamnation peut également demander réparation. La réparation est versée par l’État.
L'avocat est-il obligatoire pour la demande en révision d'une décision pénale ?
Pour l'examen sur la recevabilité de la requête par la commission, le demandeur peut déposer la demande lui-même ou par l'intermédiaire de son avocat.
Pour la suite de la procédure, il doit être représenté par un avocat de son choix.
Si le demandeur n'a pas d'avocat, la Cour de révision et de réexamen lui en désigne un d'office.
La victime/partie civile peut être représentée par un avocat choisi par elle ou désigné d'office si elle n'en connaît pas.
Quel est le coût de la demande en révision d'une décision pénale ?
La procédure en elle-même est gratuite.
Les frais d'avocat sont à payer par le demandeur.
Si une partie n'a pas suffisamment de revenus pour payer les frais d'avocat, elle peut demander à bénéficier de l'aide juridictionnelle.
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