Assise sur son trône, limité à un simple banc, la Mare de Deù de Bel-Lloc nous invite d'un geste de prière, le geste immémorial de l'orant, paume ouverte vers le ciel. ses yeux clos, figeant son visage d'un masque impassible, lui donnent une sévérité et un austérité un peu rigoureuse, et pourtant, un esquisse à peine perceptible de sourire la rend tout à fait accessible; mère généreuse protégeant de sa bonté et de sa force, celui qui se présente à elle.
L'enfant-roi, assis sur son genou gauche, reprend en format plus petit, les lignes longilignes et étonnamment modernes du corps de la Vierge. Il tient le Livre ouvert vers le peuple de la main gauche et bénit de la main droite, longue et effilée. Le drapé de la sculpture moule les formes des jambes du couple, mettant ainsi en relief ce qui aurait pu être copié d'une enluminure; la simplicité des formes et l'extrême dépouillement de la sculpture donne à la Vierge à l'enfant une force tout à fait inattendue.
Vierge vénérée de toute la Cerdagne, on se prend à comprendre la dévotion qui lui était dévolue durant les siècles passés, tant sa présence est grande. Tout autour d'elle semble alors calme, serein, facile.
S. Candau
Montage-Restitution :
Mare de Deù de Bel-Lloc (fin XIe s) dans le baldaquin d'Angoustrine.
(à l'origine la statue de la Vierge devait être présentée ainsi).
Je suis noire et pourtant belle, filles de Jérusalem,
Comme les tentes de Quedar,
Comme les pavillons de Salma.
Ne prenez pas garde à mon teint basané,
C'est le soleil qui m'a brûlée..."
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